–
Je cuisine pour plusieurs raisons. Pour me nourrir, point barre. Pour oublier mes soucis et m’occuper l’esprit. Pour tester la recette page 24 du 143e livre de Jamie acheté sur un coup de tête. Pour ruser d’inventivité et faire avaler du chou-fleur à Mister T. Pour essayer cet étrange ingrédient envoyé par une copine blogueuse. Pour partir en Asie sans bouger de ma cuisine. Pour assouvir une soudaine pulsion de fromage.
Mais je cuisine aussi pour me souvenir, pour ne pas oublier ce qui est profondément ancré en moi. Ce week-end ma famille a célébré les mille jours de ma grand-mère, ce qui signifie qu’à présent elle s’est envolée pour de bon. Beaucoup d’émotions encore pour moi, des larmes, un rêve apaisant, un petit papillon qui s’est posé sur la joue de ma Maman pendant qu’elle lui disait au revoir…
Bien sûr, à cause de la distance, je n’ai pas pu y assister (je suis l’éternelle absente) mais j’ai voulu participer à ma manière. J’avais envie de réaliser ces petits paquets qu’elle préparait quand on partait à Hienghène, chez la famille de mon père. Ca nous faisait cinq heures de route, et en général on s’arrêtait pique-niquer au bord de la mer, assis sous les badamiers. J’étais petite mais je me rappelle de tous les détails. Des fois on avait carrément des gamelles de poulet avec du riz, envelopées dans de vieux torchons pour les garder au chaud. Mais souvent, on avait des « pepes » (prononcer « pépesses »), des papillotes en feuilles de bananier, renfermant du riz, de la noix de coco râpée, des petits anchois, du combava, du galanga et un petit piment oiseau pour les plus téméraires. C’était bon, parfumé, salé, pimenté, acidulé… un petit en-cas qui me fait encore rêver, même 20 ans après.
J’ai voulu recréer ce souvenir gourmand en modifiant quelques détails, en utilisant par exemple des feuilles de lotus et de la morue salée effilochée. Le résultat est différent mais l’idée est là, et c’est très bon! J’aurais aimé qu’elle soit là pour apprécier ma version, en levant le pouce, en disant « t’es une championne, ma p’tite fille » et en me faisant un gros bisou bien bruyant 🙂
PS: pour une fois, les proportions ne sont pas précises, j’avais oublié de tout noter ce jour-là. Mais 10 grammes de plus ou de moins, ça ne changera pas grand-chose à la recette 🙂 Ca demande beaucoup de travail mais le résultat en vaut la peine!
Papillote de lotus au riz gluant et au poisson
(pour 2 pers=2 papillotes de grande taille)
-2 feuilles de lotus séchées (ou feuilles de bananier, qui sont plus faciles à trouver)
-500 g de riz gluant
-200 g de morue salée
-1/2 noix de coco
-1 combava
-1 petit morceau de galanga frais (il en existe déjà râpé en bocal)
-1 petit oignon
-1 gousse d’ail écrasée
-4 piments oiseaux
-2 feuilles de laurier
-un peu de poivre
-un peu d’huile neutre
La veille au soir, faites tremper le riz et la morue dans 2 saladiers d’eau froide (changez l’eau plusieurs fois pour la morue).
Faites tremper les feuilles de lotus dans l’évier (elles sont très grandes) avec de l’eau chaude, pendant 1H, puis plongez-les dans un grand faitout d’eau bouillante. Couvrez et faites-les ramollir pendant 15 minutes environ sur feu doux.
Egouttez le riz et faites-le cuire à la vapeur pendant 25 minutes. Réservez au chaud. Faites cuire la morue dans une petite casserole d’eau, départ à froid, sur feu doux. Egouttez-la et effilochez la chair.
Râpez la noix de coco, hachez l’oignon et râpez le galanga pelé. Faites rissoler l’oignon dans un peu d’huile. Ajoutez l’ail et le galanga, puis la noix de coco. Poivrez et incorporez la morue. Mélangez hors du feu pour ne pas que ça brûle. Râpez finement le tiers du zeste du combava et ajoutez-le dans la préparation.
Etalez une feuille de lotus bien à plat, côté nervure vers vous. Déposez un peu de riz sur la feuille. Recouvrez avec un peu de mélange coco/poisson. Ajoutez les piments, une feuille de laurier et recouvrez avec un peu de riz. Tassez un petit peu et rabattez la feuille vers le centre puis repliez les bords en-dessous, pour former un paquet.
Faites cuire pendant 20 minutes à la vapeur et dégustez bien chaud, en ouvrant ces papillotes comme de jolis cadeaux…
Un petit paquet pour lui souhaiter Bon Voyage …
J’aime beaucoup ton blog et tes recettes et j’avoue que j’y reviens souvent, même si je n’ai pas encore eu l’occasion d’en tester une…..Tu as un très joli univers culinaire.
ça a l’air vraiment excellent !
Moi non plus je n’étais pas là pour les 1000 jours de mon pépé… Plein de gros bisous :’-)
Quel joli billet… Je ne connaissais pas les 1000 jours, j’aime l’idée en tous cas. C’est en te lisant que je me suis rendue compte que je pensais à mes grand-parents partis quasiment tous les jours (et souvent, c’est associé à de la nourriture d’ailleurs).
Très beau billet avec une belle recette, quant à la dédicace pour ta mémé…une larme et des souhaits de bon voyage à elle.
Je me suis toujours laissée dire que nos proches son à jamais vivants dans nos cœurs… Toi tu prolonge leur présence jusque dans ta cuisine et c’est beau à lire et à voir !
Bel hommage tu es toute pardonnée pour les quantités ! Quand j’arriverais à aller dans une épicerie asiatiques faut que je pense aux feuilles de bananier ou de lotus )
J’aime beaucoup ton billet! J’avais gouté ce genre de plat un jour dans un végétarien sur Paris, et c’était délicieux !!!
Un article tout en émotion, et une recette qui donne envie … dit une grande addict de riz gluant. Je ressens la même chose lorsque je prépare un plat arménien, en souvenir de ma grand-mère. Des moments complices que l’on fait revivre à travers la cuisine. Très joli blog.
C’est vrai que tu es une championne Je trouve que les feuilles de lotus sont déjà bien assouplies par un long trempage, je n’ai jamais ressenti le besoin de les « cuire » ensuite, je crains que ça ne leur fasse perdre de leurs arômes ?
Belle recette en tous cas, et une tradition touchante que je ne connaissais pas.
@bidibule9:merci de me rendre visite!
@Boopcook: oui ça l’était effectivement @Vero: alors tu sais ce que je ressens,quelle frustration de ne jamais pouvoir être là. Bisous!
@Aurelvelvet: oui c’est une tradition que j’ai toujours connue dans ma famillen célèbre les 40 jours,puis les 100 jours et enfin les 1000 jours. Moi aussi j’y pense presque au quotidien,ils sont toujours là …
@Frany vanille:merci,oui une larme de joie également,car je me dis qu’elle est certainement mieux là où elle est à présent.
@Le citron: merci,c’est ce qu’on me dit souvent et je suis fière de perpétuer ce qui la rendait heureuse aussi.
@Flo: merci!Si tu n’en trouves pas,essaie avec du papier cuisson,ça marche aussi mais ça sera moins parfumé.
@Charline:merci!Ca me plairait beaucoup de goûter ce genre de plat au restaurant!
@Anne-riz gluant: merci,oui ce sont toujours des moments de plaisir et de souvenirs lorsqu’on cuisine en pensant à ses grands-parents…
@patrick: merci!Mes feuilles étaient encore assez raides,même après trempage.Mais le passage dans l’eau bouillante ne leur a pas fait perdre leurs arômes,heureusement.
merci du partage & très bel hommage.
bises
Bonjour!
Mais ça se trouver Où les feuilles de Lotus?!^^
Un bel hommage et une recette qui a l’air vraiment très bonne…
Quel émouvant témoignage, merci d’avoir partager ça avec nous.
Je suis sure que ta grand mère aurait été fière de toi.
L’histoire de ta recette me touche beaucoup. Je pense que même malgré la distance, et ton absence, tu as fait revivre de façon intense les souvenirs qui vous lient pour toujours…
Je pense faire ta recette demain, j’en suis tombée amoureuse
J’adore!
Merci pour ce superbe blog que je mets dans mes favoris. comme dit le premier commentaire de cette recette, j’adore ton univers culinaire. ça nous fait sentir ailleurs (même si je suis déjà loin en afrique). je testerai tout si je pouvais!
merci et continue surtout.