Gulai kambing

 

          Mon premier voyage fut assez mémorable. A sept ans, je suivais ma mère et ma grand-mère au fin fond de la campagne sur l’île de Java, pour les funérailles de mon arrière-grand-mère. Je ne l’avais jamais vue, ni elle, ni mes cousins qui me semblaient à la fois étrangers et familiers. On se ressemblait mais on ne parlait pas la même langue. Toute la famille était réunie autour d’une chèvre qui allait être sacrifiée pour l’occasion. Je me rappelle qu’ils l’avaient couchée au sol et avaient dissimulé sa tête sous des feuilles de bananier avant de faire une prière et de passer à l’acte. Ma mère avait mis ses mains devant mes yeux alors que tous les autres enfants assistaient à la scène avec curiosité. On aurait même dit que ça les amusait. C’était vraiment étrange comme ambiance, quelqu’un venait de mourir mais personne ne semblait triste. Chacun était affairé à une tâche particulière: couper la viande en morceaux, éplucher des échalotes, faire cuire le riz à la vapeur, piler des épices dans un mortier, tresser les paniers en feuilles de cocotier qui allaient nous servir d’assiettes, balayer la pièce où les hommes allaient s’asseoir entre eux… Moi je ne faisais rien, je crois que j’étais restée accrochée aux jupes de ma mère, perdue et effrayée par tout ce branle-bas de combat. Je me souviens du dressage des plats, très minutieux et effectué à la chaîne comme dans une usine (il devait bien y avoir une centaine de convives). Et ce gulai kambing, je m’en rappellerai toujours, la chair était d’une tendreté exceptionnelle et se déchirait entre les doigts. Quant à la sauce épaisse, un vrai bijou. J’aimerai bien qu’on me rende hommage avec ce genre de plat.

 

Gulai kambing

(pour 4 personnes)

  • -500 g de cabri (morceaux avec os idéalement, j’ai pris de la poitrine)
  • -2 feuilles de combava
  • -2 feuilles de laurier
  • -2 clous de girofle
  • -1 bâton de citronnelle écrasée et nouée sur elle-même
  • -1 gousse de cardamome écrasée
  • -1 bâton de cannelle
  • -50 cl de lait de coco
  • -50 cl d’eau
  • -2 càs d’huile végétale neutre

Pour la pâte d’épices:

  • -1 oignon et 1/2  grossièrement haché (au lieu de 7 échalotes)
  • -5 gousses d’ail
  • -5 piments oiseaux
  • -1 cuillère à soupe de poudre d’amandes (au lieu de 4 noix de bancoule)
  • -1 pouce de gingembre frais
  • -1/2 cuillère à café de curcuma moulu 
  • -1/2 cuillère à soupe de graines de coriandre
  • -1 cuillère à café de graines de cumin
  • -1 cuillère à soupe de sucre de palme
  • -3 cuillères à café de sel
  • -5 cl d’eau

 

Mettez tous les ingrédients de la pâte d’épices dans un blender et mixez jusqu’à obtention d’une purée homogène. Faites chauffer une cocotte et versez-y l’huile. Faites-y dorer les feuilles de combava déchirées, les feuilles de laurier, les clous de girofle, la citronnelle, la cardamome et la cannelle. Remuez un peu jusqu’à ce que cela sente très bon!Incorporez la pâte d’épices et faites-la revenir 3 minutes. Ajoutez les morceaux de cabri et enrobez-les de pâte d’épices, jusqu’à ce qu’il soit légèrement doré. Versez le lait de coco et l’eau, puis portez à ébullition. Baissez le feu au minimum et couvrez, puis laissez mijoter pendant 1H30. Ôtez le couvercle et poursuivre la cuisson pendant encore 1H, jusqu’à épaississement de la sauce, en remuant de temps en temps. Dégustez avec du riz chaud.

 

 

11 Replies to “Gulai kambing”

  1. Merci pour cette madeleine du bout du monde !
    Mais où trouver du cabri à Paris ??
    Bonne journée,
    Fred

  2. Bonjour, allez peut-être voir dans des boucheries hallal. J’ai trouvé le mien chez mon producteur de fromage de chèvre.

  3. Rien qu’à lire les ingrédients on salive !
    Merci pour cette recette que je ferais sûrement (avec du chevreau ?)

  4. Haaaan, ici du cabri, je n’en trouverais jamais mais bon, c’est moche, mais vivement que mes beaux-parents tuent un agneau afin que j’essaye quand même cette recette qui me semble divine! J’aime bien ce genre de souvenir sinon^^ Tu as dû en prendre plein les mirettes!

  5. Perso je ne mangerais jamais du cabri,mais cette recette a l’air divinement bonne alors pour moi ce sera de l’agneau.
    Chantal

  6. Très appétissant. ET puis la cuisine est toujours une histoire : celle d’un pays, d’une région, celle d’une famille : les recettes de nos mères, de nos grand-mères ou d’une tante. C’est pourquoi l’art culinaire fait partie de la culture. On doit en prendre soin et continuer à le transmettre.

  7. Merci j ai tres envie de le gouter

  8. Et bin voilà!! Il est 10h et j’ai envie de manger du cabri! Bravo ! En tant que réunionnaise j’ai l’habitude de le manger « massalé » le cabri (quand je vais à la Réunion soit pas souvent du tout…) mais cette recette a l’air de dé-chi-rer…
    Merci !!

  9. Oh la la, ça c’est une recette que je vais faire, sûr de chez sûr! On trouve facilement du cabri ici à la Réunion, alors je vais très vite passer à la phase dégustation!

  10. quelle recette extraordinaire! c’est marrant comme en effet, comme le dis Patou, certaines saveurs rappellent celles que l’on peut trouver sur notre île! le cabri, c’est une viande très consommée ici, et le gingembre, le curcuma, le combava… n’en parlons pas!!! merci pour ce voyage!

  11. Bonjour Letitia. Je viens vers toi avec une demande un peu étrange, peut-être. je suis en train de rédiger un article « produits » sur le site du mag’ pour lequel je travaille (regal.fr) et – bizarre ! – nous n’avons aucune recette de cabri. Donc je me suis permis de mettre un lien vers la tienne, ce qui, je pense, ne te gênera pas. Par contre – re-bizarre – nous n’avons pas de photos non plus. Accepterais-tu que j’illustre l’article avec la photo de ton plat (avec citation de ton blog, lien, copyright et tutti quanti, bien sûr).
    En espérant que ça te convienne …

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